samedi 27 mars 2010

Hello Helli t'es là?

J’ai une dent contre elle, c’est comme ça.

En 2000, j’avais 12 ans quand elle a sorti son premier single, Moi Lolita. A gambader dans les champs en petite robe rouge, elle excitait déjà tous mes copains qui n’avaient pas encore de poils au menton. Alizée par ci, Alizée par là. Quant aux filles, elles avaient toutes adopté le carré court et se trimbalaient en chaussettes hautes rayées. Dans leur trousse, le gloss remplaçait l’effaceur et, à la récré, c’était devant le miroir des toilettes qu’elles passaient la majorité de leur temps. A ma fête d’anniversaire, ma meilleure amie a passé la chanson 9 fois en boucle et les rares garçons invités n’avaient d’yeux que pour son déhanché de pétasse quand elle se trémoussé sur L-O-L-I-T-AAAA


Après, il a fallu qu’elle évoque les émois amoureux à l’aide de tartes aux fraises et de baisers volés sucrés. Gourmande, je ne pouvais pas manger d’éclairs au chocolat sans que les prépubères de 4ème me demandent de leur faire un smack. Ca en devenait problématique, il y avait déjà le jeu de la bouteille pour les crises d’angoisse, étais-je obligée en plus de me priver de dessert à la cantine ? Sans parler de l’ambigüité du « loup des steppes ».

 
Le single Alizée de 2001, je ne peux plus le réécouter sinon mon cœur se brise. Non pas pour cette faute de grammaire immonde « S’il te plait arrêtez » mais parce que mon premier amour me l’avait offert en cd 2 titres. La super classe, enveloppé dans du papier d’aluminium parfumé avec Le Mâle de JPG. J’avais plusieurs indices pour comprendre que cette histoire ne mènerait à rien mais l’amour rend aveugle, la bêtise aussi d’ailleurs.


Retour en force avec l’album « Mes courants électriques » et le titre « J’en ai marre ». Elle a la peau douce dans son bain de mousse et elle emmitoufle son poisson rouge mais elle n’a pas de problèmes puisqu’elle fainéante. Elle en a marre de ceux qui se fixent sur l’idée d’une idée fixe. Et dans les prés les colchiques.

 
Elle fête ses 18 ans, moi mes 14 ans. Elle change de coiffure, pas moi. Elle change de look, censé être plus féminin, disons plutôt charmeur et sexy sans petite culotte ; je m’affiche pur ma part en baggy. La promotion télévisée de son titre est accompagnée d'une chorégraphie qui met ouvertement en valeur son postérieur. La danse suggestive est à mon grand dam reprise à chaque boum où je vais et World Of Warcraft s’en inspire pour la danse de l'Elfe de la nuit. Geek vs. Bonasse.

Youpidou Youpidou Youpidou, c’est quoi ce titre ? Elle a le « moral au grand zéro », ben moi aussi du coup.
Elle s’absente pour cause de grossesse, je vis pleinement mes années lycées.


 
Bac+2, grand retour avec « Mademoiselle Juliette » en mode bal masqué à Versailles, visionnaire du succès de l’assasymphonie de Mozart Opéra Rock et nostalgique du film de Sofia Coppola. Elle parle de champagne, de fête, ça me parle plus déjà, mais ce n’est pas gagné pour autant. Sûrement parce que mes camarades, dont le poil au menton a poussé, la trouvent toujours autant sexy. Jalousie. Mais surtout parce qu’on ne sait pas vraiment si c’est du Farmer, du rock, de la house, bref, c’est plat et sans identité.
Bac+4, mars 2010, son nouvel album « Une Enfant Du Siècle » produit en collaboration avec Château Marmont, David Rubato, Jérôme Echenoz, Rob et Tahiti Boy, sort dans les bacs. Le premier titre dévoilé, « Limelight », est présenté comme appartenant à une veine pop-électro d'une rare élégance. Ah ah la blague, Sébastien Tellier, Jean Michel Jarre, voire Erasure, ok, très bien, mais pas Alizée. En tous cas, les paroles changent de registre: “I don’t Know If I should. Burn in ways of ecstasy: Oui.” Je crois que je ne l’aime toujours pas. Le single officiel « Les Collines (Never Leave You) » a le mérite d’être en français, quoique, la moitié des paroles étant « never leave you, never leave you never leave you», je dirais plutôt franglais.


Je préférais le côté acidulé, au moins on riait plus.

Mon meilleur ami m’a dit à l’instant qu’Alizée était son fantasme. Le verdict tombe. Elle est véritablement une enfant du siècle et j’ai toujours une dent contre elle. Bonne route à toi Lolita.

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