Cela me pose deux problèmes.
Déjà, je me demande si c'est normal de considérer mon lit comme un fourre-tout bordélique. Sérieusement, si on soulève ma couette on y trouve de tout sauf un homme. Il y a un chargeur américain, un Express, un Nouvel Obs et le dernier Mensuel du Monde (ecléctique hein?), des magazines féminins, des miettes (et dieu sait que j'aime pas cette sensation, mais devait encore y avoir eu une crise existentielle ou something like that qui m'avait encore poussée à me goinfrer de Délichoc), une chaussette, un étui à lunettes, une photo envoyée par une magnétiseuse (oui c'est mon côté sorcière ça) et une to do list sur laquelle il est écrit en gros "remercier les voisines de ne pas avoir appeler les flics" (on hésite encore entre le panier de muffins à la Bree ou la petite lettre parfumée avec des coeurs et un gros Merci, on ne le refera plus, cela ne se réiterera pas, la prochaine fois on fera moins de bruit, on cherche encore la formule appropriée car les 3 premières sont peu crédibles.)
Mon deuxième problème c'est que je commence à parler comme ça :
"Oui non mais tu vois la femme moderne est en train de passer subrepticement d’un joug à l’autre. Il est évident qu'elle a clairement remplacé la domination masculine par l’asservissement par l’enfant"
"Moi je suis contre les militantes de l’allaitement, les fondamentalistes du bio, les intégristes de la couche lavable, elles se prennent pour des super-mamans ces néo-écolos ou bien?"
"Bien sûr que plus tard je fumerai et boirai pendant ma grossesse, tu crois que vais tout arrêter pour ce tétard?"
Bref, c'est un peu violent.
Rebelotte hier, journée de la femme, Nathalie Kosciusko-Morizet et Cécile Duflot, en plus de leur méditisation pour les régionales, sont invitées sur différents plateaux et radios. Et moi de rajouter "Eh Chloé tu trouves pas que ces filles c'est un peu des cryptopétainistes? (j'avais appris un nouveau mot il fallait bien que je le place quelque part)
- Arrête de lire ton bouquin là, t'es en train de devenir comme toutes ces féministes à barbe !"
Et c'est là que je me suis rendue compte du pouvoir qu'Elisabeth avait sur moi... ok redescendons sur terre.
Ok, elle a vraiment pointé du doigt ce problème de l'enfant roi et du maternage excessif qui peut avoir des effets pervers sur la vie active des femmes. Ok, il y aurait selon elle une tendance « naturaliste » du féminisme contemporain qui inciterait les femmes à se replier sur une "spécificité féminine", à trouver leur bonheur dans la maternité, la fusion mère-tétard et le sacrifice de soi pour le bien-être des petis en couche-culotte. En gros, plus de chasse à l'it-bag et de sorties ciné mais des petits pots en pagaille et du coloriage Oui-Oui.
Mais dois-je vraiment gober tout ce qu'elle dit, dois-je vraiment croire à ces bullshits? Je vais finir le livre, réfléchir, analyser, déconstruire, prendre du recul, et à ce moment là je pourrais vraiment être moi même et peut être commencer à me demander si vraiment c'est super méga hype de se fumer des joints au bout de 6 mois de grossesse?
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