lundi 15 février 2010

Bagram, "le goulag afghan" par Sara Daniel

En réponse à l'article de Sixtine l'autre jour sur Florence Aubenas, voici encore un bel exemple d'une femme reporter, courageuse et qui n'a pas peur de porter la culotte : Sara Daniel. Dans le Nouvel Observateur daté du 11 février elle signe un article intitulé : Bagram, le bagne secret d'Obama


Cette zone de non droit située en Afghanistan n'apparaît sur aucune carte. De ce fait aucun journaliste n'a jamais pu y pénétrer, ni aucun juge, avocat ou observateur de la croix rouge d'ailleurs. Sara Daniel a recueilli pour son article les témoignages d'anciens prisonniers miraculeusement libérés. Sixtine parlait de femme de ménage l'autre jour, à Bagram un adolescent de 15 ans, Omar Kader, s'est vu littéralement transformé en serpillère vivante : il a été trainé au sol par les gardiens après avoir été enduit d'encaustique (produit habituellement utilisé pour entretenir le bois).
A la maison blanche, certes Obama est arrivé et on a bien annoncé la fermeture de Guantanamo mais de Bagram on ne dit rien. Pourtant cette prison ferait passer la base cubaine pour "un bel hôtel" selon les dires mêmes d'un procureur militaire américain. On en vient à se demander si le nouveau président malgré ses excellents discours, ne chercherait pas à remplacer le bagne cubain par la prison afghane. Surtout que le nombre de détenus à Guantanamo n'a fait que diminuer depuis son élection (ils seraient actuellement moins de 200), alors que celui de Bagram ne cesse d'augmenter, en particulier au cours de ces derniers mois.
Parmi les 750 prisonniers actuels, détenus sans preuves ni observateurs extérieurs, il y a des coupables certes, mais aussi beaucoup de gens qui n'ont eu d'autre tort que celui de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Sara Daniel raconte notamment l'histoire d'un marchand de bazar, détenu pendant 5 ans à Guantanamo puis à Bagram simplement parce qu'il avait le malheur d'avoir le même nom qu'un ministre taliban.
Dans son article, disponible dans sa version complète sur le site du Nouvel Obs, Sara Daniel montre ainsi à quel point cette prison de Bagram symbolise le formidable malentendu qui demeure entre les afghans et les troupes d'occupation. Alors que les détentions arbitraires et les mauvais traitements favorisent l'émergence de nouveaux terroristes, ce cercle vicieux risque de se voir renforcer par l'envoi annoncé de 30 000 soldats supplémentaires. Or, une telle évolution dessert grandement la cause pour laquelle les Etats-Unis se battent désormais en Afghanistan. Tel est le paradoxe américain, représenté par Barack Obama, prix Nobel de la paix et humaniste sincère qui maintient pourtant des prisons secrètes violant ainsi les principes fondamentaux de l'Amérique qui l'a élu.

1 commentaire:

  1. Guantanamo, Abu ghraib, et maintenant Bagram...joli boulot les ricains...

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